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Terre | Métal
J'ai quitté le ciel sans fin des bitumes et des vitrines
J'ai quitté les râles des oiseaux-acier aux angles des aéroports
J'ai quitté les trains enserrés des banlieues vides
J'ai quitté l'ogre mercantile
quitté l'heure et l'ordre
quitté les montres et les regards en capitales
ces rages aux enfers-matins-creux à gueule perforée
quitté le ciel-béton et le ciel-souterrain
j'ai quitté la passe sombre
et avec elle
ou avec d'autres
j'ai traversé…j'ai traversé…
de longs paysages violets la nuit
noirs l'hiver
criblés de vagues et de balles
criblés d'ennuis en longitude
paysages-tracts et paysages cinéma...
...paysages d'hommes ancrés au cœur du désespoir
visages d'hommes grillagés aux portes des usines
j'ai voyagé et voyagé sans cesse
à travers des champs qui ne se ressemblaient plus
champs de marteaux-piqueurs
établis dans la ferraille
installés dans la violence électronique
allongés dans la poussière du devenir-bidon-ville nouvelle
et j'ai senti la folie du métal me perforer la gueule
et me casser les veines
folie jolie entière et passagère
de cette aurore où la terre m'a appartenu.
J'étais arrivé au fin-fond du désert
Retourné dans mon pays-nature
Pays cul-de -sac de rime
Pays silence pour
Mes révolutions.
Patrick Clerc
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